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dimanche 2 septembre 2018

ANTIRACISMES ET LOI ANTI-SIGNES OSTENSIBLES DE RELIGION

ANTIRACISMES ET LOI ANTI-SIGNES OSTENSIBLES DE RELIGION

Extension en entreprise contre les signes identitaires hors religion


Intervention Christian DELARUE à Grenoble 2018

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Je laisse volontairement de côté les interventions du MRAP - celle d’Augustin G. et la mienne - qui, dans les ateliers sur les antiracismes à Grenoble visait à montrer que l’on pouvait mobiliser ensemble et largement, universalistes ou non, contre le racisme sous toutes ses formes, tant dans le champ syndical (adresse à Verveine A.) que hors champ syndical (adresse au représentant des Brigades anti-négrophobie) pour peu d’une part que cela porte sur des pratiques discriminatoires réelles, directes ou indirectes, et que d’autre part on trouve un langage commun, car dans l’antiracisme l’usage trop racialisant indispose.

Un intervenant en salle a évoqué la loi de mars 2004 comme loi anti-voile et loi d’Etat islamophobe. Il a pointé ici un net désaccord.

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En 2003, le projet s’annonçait comme anti-voile et le MRAP a critiqué. Mais il y a eu évolution . La loi de 2004 n’est pas spécifiquement contre le voile islamique. Elle universalise le refus de l’emprise religieuse par des signes ostensibles à toute religion. On y reviendra.
La question des signes ostensibles de religion ou plus largement des signes ostensibles identitaires, ce qui inclus les signes nationalitaires ou communautaires fait durablement débat à gauche, au sein des gauches, des syndicats, des associations, de l’altermondialisme.
Tous refusent globalement le racisme mais certains refusent ce que d’autres tolèrent ou acceptent au nom de la laïcité ou en vertu d’autres valeurs ou principes. Bref il y a clivage.

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Le Mrap lutte contre toutes les formes de racisme - négrophobie, islamophobie, antisémitisme, xénophobie, romophobie, autres... . Il est pour l’égalité de traitement et notamment que l’être humain, homme ou femme (ou non binaire ou homosexuel ou trans), soit respecté, notamment face aux emprises de la religion le cas échéant, des religions.

Selon certain.es les droits des humains, donc ceux des femmes, sont supérieurs aux droits des religions. Chacun.e a le droit de croire et même d’exprimer sa croyance le cas échéant, mais de façon à ne pas importuner autrui au sein de la société civile. Cela dépasse d’ailleurs la question religieuse. Car il y a bien pratique d’expression qui s’apparente à une provocation ou une emprise, à une imposition, du moins quand l’autre ne peut fuir.

Face a l’emprise de tous les identitarismes souvent agressifs, porteur de conflictualité, il importe de prévoir des garanties. Sinon il y a des abus. Les éléments les plus sous emprise hiérocratique tendent à imposer à autrui leur référence. Lorsque c’est proximal et constant, c’est nettement pénible, surtout si on ne peut s’éloigner . Il y a des situations de contrainte ou il n’est pas normal de supporter ce que l’autre vous inflige comme signe constamment exhibé. Je le répète depuis l’Université d’été de Poitiers 2006, lors d’un atelier que je co-animais avec Bernard Teper .

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Le Mrap lutte contre toutes les formes de racisme, aussi bien la judeophobie que l’islamophobie. Il refuse l’essentialisation comme il refuse l’avancée des intégrismes religieux, tous sans exception. C’est là qu’il y a problème pour certain.es. Comment militer pour l’émancipation des individus et ne pas lutter contre les intégrismes religieux ?

Les intégrismes religieux s’analysent comme des contre-mouvements réactionnaires. Ils sont offensifs tantôt par en-haut via la politique, tantôt par en-bas, « à la Gramsci », au sein de la société civile. Ils veulent occuper le terrain sous toutes les formes. Ils opèrent une colonisation du monde vécu.

La différence d’appréciation dans la gauche et l’altermondialisme porte sur la loi du 15 mai 2004 contre les « signes religieux ostensibles », tous, de façon universelle, sans privilège aucun pour une religion. Nombreux sont celles et ceux qui tiennent au maintien de cette loi sans pour autant faire preuve d’islamophonie, d’antisemitisme, de catholicophobie, etc.

Il s’agit, plus généralement, au-delà de l’école, dans l’entreprise, de protéger les humains de l’emprise des religions sous les aspects étendards identitaires porteurs de conflictualité. Il n’y a d’ailleurs pas que la religion car tous les identitarismes sont porteurs de conflictualités potentielles.
Pour les entreprises, on comprend mieux que l’option « réglement intérieur » soit préféré à une loi. La loi du 15 mai 2004 vient de loin. Les chef.fes d’établissements scolaires publics voulaient depuis plusieurs années un cadre homogène s’appliquant partout.
Le seul aspect qui a heurté le MRAP c’est en 2003 un premier projet contre le voile donc contre une seule religion. Ce n’était pas un principe universaliste acceptable. Le Mrap s’est exprimé dans un communiqué critique lors de l’été 2003. Il n’y a guère eu de clivages alors. Ce fut différent en mai 2004.

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Quant aux féminismes. On en connait qui fustigent le voile comme sexiste et d’autres non qui le défendent soit comme vêtement de protection des femmes contre la concupiscence masculine , soit en assimilant le voile aux chaussures à talons hauts pour femmes, lesquelles sont librement vendues et portées . Donc il y a bien opposition. Y compris a gauche. C’est ancien comme clivage.

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Notez que le port du string seulement pour homme ou femme (surtout femme) est interdit hors des plages. A ceux et celles qui parlent de racisme d’Etat à propos de la loi de 2004 et de l’article du code du travail qui autorise en France les réglements intérieurs (RI) de neutralité en entreprise privée je dis alors quid de la sexyphobie d’Etat.

Christian DELARUE
Grenoble aout 2018 - Atelier sur les antiracismes.

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