Diversité altermondialiste

Diversité altermondialiste
multicolore et multitextile

mercredi 9 janvier 2019

Gilets jaunes : le salariat d’en-bas en lutte.

Gilets jaunes : le salariat d’en-bas en lutte. Pas celles et ceux d’en-haut.
Version rectifiée de « Gilets jaunes : des prolétaires d’en-bas en lutte. Pas celles et ceux d’en-haut » par ajouts d’éléments d’un texte de Jean-Marie HARRIBEY qui apporte une nouvelle et sévère critique de l’usage de « classe moyenne ». Ce qui n’annule pas toute analyse stratificationniste pour peu qu’elle soit croisée avec une analyse de position dans les rapports sociaux de production.
XX
Eléments de discussion avec le texte de Tony LAMBADA
du NPA publié sur Mediapart par JMB
Gilets Jaunes : bilan d’étape et éléments pour une stratégie révolutionnaire | Le Club de Mediapart
Pour ma part j’ai eu l’occasion d’écrire :
Le peuple d’en-bas sous deux formats
Passons de la pratique sociale à la théorie.
Le surgissement des gilets jaunes dans les espaces publics, en France et ailleurs, à la fin 2018, a fait surgir autrement la question du « peuple social » ou du « peuple d’en-bas ».
On y lit une conception des subalternes sans racisation ! Subalterne soit de rang inférieur dans la hiérarchie de l’Entreprise-France ou de la Start-up nation qui calque toute la vie sociale sur le modèle de l’Entreprise capitaliste. En somme on quitte la soumission au patron en entreprise pour passer hors travail à la soumission aux « premiers de cordée » !
ou sur Médiapart
- Citation de Tony LAMBADA :
Rapidement aussi, il est devenu clair que malgré une fraction minoritaire des GJ qui relèvent de secteurs de la petite bourgeoisie non salariée (entrepreneurs individuels, artisans, petits commerçants…), la composition sociale de ce mouvement social est massivement prolétarienne, regroupant des salarié.e.s souvent mal payé.e.s et/ou précaires, jeunes ou moins jeunes (bon nombre de retraité.e.s), bref une France qui ne parvient pas à joindre les deux bouts même si elle se lève tôt.
XX
Dans la production et dans la circulation
C’est exact que ce sont surtout des prolétaires (pas que : indépendants et petits patrons aussi mais très peu), donc des travailleurs et travailleuses salarié.e.s, mais au deux sens du terme : 1 - prolétaires dans la production certes - ce qui est privilégié par l’analyse marxiste classique (rapport capital travail qui donne un rapport élargi salariat-bourgeoisie) - car ils vendent leur force de travail pour vivre, et 2 - prolétaires dans la sphère de circulation marchande (face aux marchés des biens et services ) car ce qui est mis en avant au sein des gilets jaunes c’est le cout de la vie, le manque de pouvoir d’achat, les fins de mois difficiles pour celles et ceux d’en-bas.
Ce sont donc à mon sens des travailleurs et travailleuses salariées d’en-bas ou des prolétaires des classes populaires (pauvres, modestes, de classe moyenne-basse - prolétaires ouvriers ou prolétaires employés, prolétaires des villes ou prolétaires des campagnes) qui mettent plus l’accent sur le rapport social externe à la production soit le rapport social de solvabilité - moins perçu ainsi par les marxistes - que le rapport d’exploitation capitaliste.
C’est ce qui explique aussi le faible rapport au syndicalisme puisque la problématique n’est guère, (fort peu encore mais çà bouge), sur les conditions de travail (rien sur la RTT à 30 heures hebdo quasiment) mais sur la fiscalité : qui paie et pour qui ? Ceux qui sont visés dans les critiques sont les riches, qui peuvent être des travailleurs salariés cadres supérieurs+++ comme des patrons. Lire ici les études sur l’encadrement capitaliste (A.Bhir et peut-être des plus récentes).
XX
Les bourgeois et les prolétaires d’en-haut doivent payer !
Tous les prolétaires ne sont pas défendus : les travailleuses et travailleurs salariés d’en-haut sont perçus par nombre de gilets jaunes comme partiellement classe d’appui du patronat du fait des hauts salaires perçus . Il faudrait voir ici le schéma du verre à pied inversé : Grosso modo, la grande masse des salaires et traitements est inférieure à 3000-3300 euros net. Grosso modo au-dessus de ce niveau il y rétrécissement progressif ce qui signifie que seul les cadres de divers niveaux (variété des cadres) perçoivent 4000 puis 5000 puis 6000 euros net par mois, puis etc jusqu’à des montants énormes de type 20 000 euros par mois comme travailleur (pas comme patron d’entreprise appartenant à la classe sociale capitaliste) ce qui créent des conditions de vie totalement différentes des autres - celles et ceux vivant plus modestement avec moins 2000-2500 euros net par mois selon situation - qui épargnent très peu voir pas du tout .
Rapportons maintenant une citation de Jean-Marie HARRIBEY économiste du CS d’ATTAC : « Étude après étude, l’INSEE dénombre, en France, des ouvriers et des employés qui représentent près de la moitié de la population active. Si on y ajoute une bonne part des catégories socio-professionnelles dites intermédiaires dont les niveaux de qualification et de salaire sont faibles ou modestes, c’est plus de 60 % de la population active qui dessinent le contour des classes populaires au sens propre. »
De ce fait, les augmentations de salaires ne sont pas réclamées pour tous et toutes mais pour ceux et celles d’en-bas. De quoi débattre. Que pense les syndicats de l’augmentation des salaires ou traitements des 99% d’en-bas ?
Par ailleurs, il est souvent dit que ce sont ceux d’en-haut - dont celles et ceux salariés du privé ou du public - qui doivent payer d’abord la transition climatique. Il doit y avoir un processus descendant. On a là en quelque sorte ce qu’on appelle en sociologie une analyse stratificationniste. Ce qui donne en fiscalité des tranches de revenus, des tranches de capacités contributives ou on commence par demander tout en-haut puis on descend.
XX
La crise de représentation d’en-bas surtout.
Ce mouvement d’en-bas, par en-bas et pour en-bas révèle une profonde crise de la représentation politique de ces citoyens. Pas tous les citoyens car les prolétaires plus aisés, sans problème de fin de mois, ont moins de problème de représentation politique. Du moins ils ne semblent pas la ressentir fortement. La crise de représentation n’est pas uniforme. Les « citoyens d’en-bas » sont plus en exclusion pour ce qu’il s’agit de faire valoir leurs droits. Les classes moyennes et supérieures - les 10 à 15% d’en-haut sous le 1% - ont plus accès aux moyens de défense de leurs intérêts.
Les classes moyennes sont aussi un enjeu pour le pouvoir. Pour une critique d’un usage idéologique de la sociologie stratificationniste lire : La sociologie des classes n’est plus une sociologie | Jean-Marie Harribey (1) qui explique notamment : « On voit l’usage politique qui est fait de ce confusionnisme. Avec le Smic on fait partie de la classe moyenne ! Le tour de passe-passe est complet. Dans sa note de mars 2018, l’Observatoire des inégalités fait démarrer les classes moyennes à 1265 euros par mois de niveau de vie pour une personne seule. À peine au-dessus du seuil de pauvreté défini à 60 % du revenu médian. »
Le pouvoir peut donner des primes individualisées pour gagner une fraction des classes moyennes à la cause du capitalisme. Elles sont un terrain de manoeuvre. Elles sont tout à la fois fragilisées (risque de déclassement social avéré notamment au moment du passage à la retraite mais aussi par casse du système de la carrière ) et valorisées pour devenir « classe d’appui » des riches du 1% et du « capitalisme libéral hautement financiarisé qui va à sa fin » selon Macron ce 31 décembre et qu’un intervenant de C dans l’air a qualifié de « moment bolchevique » (sic)
Christian DELARUE
Syndicaliste et altermondialiste
La sociologie des classes n’est plus une sociologie | L’économie par terre ou sur terre ? | Jean-Marie Harribey | Les blogs d’Alternatives Économiques
Qu’est-il advenu de la « classe capitaliste » ? par A BIHR et J-M HEINRICH - Amitié entre les peuples
http://amitie-entre-les-peuples.org/Qu-est-il-advenu-de-la-classe

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire