Diversité altermondialiste

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multicolore et multitextile

samedi 7 juillet 2018

Peuple et extrême-droite réactionnaire - Avec Christian Picquet

Peuple et extrême-droite réactionnaire - Christian DELARUE
(sous ce titre sur amitié-entre-les-peuples.org )

Comme Christian PICQUET, je ne vais pas nommer JY LE GALLOU « populiste », bien que son texte évoque abondamment les différentes catégories de « peuple » contre l’hyperclasse (cf seconde partie ).
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Certains aussi à gauche emploient le mot peuple (Jean-Luc Mélanchon et moi-même pour peuple-classe et peuple souverain ou, ce qui est un peu différent, peuple démocratico-citoyen) mais - quand à moi - dans une nette perspective de pluri-émancipation et cela fait toute la différence. Cet usage n’est pas de type « populisme de gauche » car la mobilisation des classes sociales et individus de ce peuple-classe est en principe accroché (pour moi) à un projet d’alternative extra-systémique dit post-capitaliste ou même socialiste du XXI (peu importe), ce qui comprends d’autres émancipations que celle économico-sociale contre le classisme (d’en-haut) : écologie, anti-sexisme, anti-racisme, laïcité, critique des intégrismes religieux. 
Employer le mot peuple - et surtout le mot peuple-classe - en lien avec un tel projet de pluri-émancipation devrait vous faire sortir du champ du « populisme de gauche ». Ou alors on a un mot creux, un signifiant vide.
Je reprends Christian PICQUET (son blog 15 juin 2018) : « Rien n’apparaît donc plus impératif que de travailler à dépasser ces fractures, à partir d’un programme autour duquel puisse se former une nouvelle alliance, un bloc social et politique majoritaire dont la classe travailleuse redeviendrait l’aile marchante. Nous sommes ici bien loin de la théorie d’un peuple dont il suffirait d’exprimer la volonté aliénée… »
Certes mais je suis néanmoins pour défendre par principe un peuple-classe 99% multicolore dans un combat social, laïque, écologique, anti-sexiste, anti-raciste et sans complaisance avec les intégrisme religieux (ni même le simple « intransigeantisme » d’une certaine élue syndicale UNEF). Ce combat s’insère de plus dans l’idée d’aller vers une alternative extra-systémique dite post-capitaliste dite encore socialiste du XX ème siècle et non une alternance intra-systèmique (dont s’accommode la gauche d’alter-capitalisme). A ce jour je ne vois guère d’élite pro-libération de nos maux au sein de la classe dominante (1% bicéphale mais je ne suis pas sectaire).
Ne pas nommer JY LE GALLOU populiste, bien que son texte évoque abondamment les différentes catégories de « peuple ». Christian PICQUET répond à raison : « Aucun « plafond de verre » ne fait présentement plus obstacle à l’accession des mouvements d’extrême-droite aux affaires : après la Hongrie, la Pologne, la Norvège, l’Autriche, c’est de l’autre côté des Alpes que l’étrange coalition de la Lega et du Movimiento Cinque Stelle vient de former un gouvernement, son premier acte ayant consisté à refouler un navire de quelque 600 réfugiés, l’Aquarius. Pour peu que l’on se refuse à céder à l’incurie intellectuelle caractérisant tant d’analyses, on conviendra que le terme communément retenu de « populisme » ne permet guère de comprendre les phénomènes à l’œuvre. Quoique les organisations dont il est question se veuillent les porte-parole d’un peuple mythifié, elles ont pour traits communs de catalyser l’évolution réactionnaire de secteurs entiers des sociétés européennes, d’encourager les replis nationalistes ou carrément ethnicistes, de développer une contestation radicale de la démocratie dissimulée sous une dénonciation en règle des « systèmes » en place ou des élites dirigeantes, d’épouser le resurgissement des idéologies d’extrême droite, lorsqu’elles ne se confondent pas avec la renaissance de protofascismes se parant des atours de la « modernité ». Leur force vient de leurs capacités de surfer sur les souffrances et colères de larges pans des populations. Et ce sont les paniques culturelles et les quêtes d’identité, provoquées par un climat planétaire anxiogène comme par les gigantesques flux migratoires engendrés par le chaos où s’enfoncent de nombreuses régions, qui leur octroient la dynamique ascendante que l’on sait. »
Lire de lui :Retour ligne automatique
Pour en finir avec le « populisme » - Le blog de Christian PicquetRetour ligne automatique
http://blog.christian-picquet.fr/post/Pour-en-finir-avec-le-« populisme »


II - JYLG : Quelle catégorie de peuple est chez lui progressiste ?

Suffit-il de s’opposer à la Caste mondiale ou à l’hyperclasse mondiale ou à l’oligarchie mondiale pour être indemne en quelque sorte de toute forme d’oppression, de domination ? Trop facile !
Pour JY LE GALLOU (Extrême-droite : GRECE, Club de l’Horloge, FN, MNR), « chacune de ces expressions du populisme se heurte aux intérêts de la superclasse mondiale qui dirige ».
Ici JYLG cite à nouveau comme en 2008 (citant sommairement Margaret Canovan) les quatre mêmes catégories de peuples avec leur mode de résistance.
- Le « peuple de base » est choqué par les réformes sociétales (« mariage gay » par exemple). Retour ligne manuel
- Le « peuple classe » par la destruction des protections sociales. Retour ligne manuel
- Le « peuple nation » par l’immigration de masse. Retour ligne manuel
- Le « peuple souverain » par l’accaparement des décisions par les organisations internationales et les multinationales.Retour ligne automatique
On voit que c’est plus compliqué. Que la notion de peuple-classe est dévoyée .
Mais reprenons ces quatre catégories de peuple.
- Le « peuple de base » semble bien être la fraction de peuple la plus réactionnaire qui s’accommode du sexisme, du patriarcat et du mépris des LGBTQI+ . Ce peuple diffuse aussi derrière le FN le racisme et la xénophobie . Il s’agit nettement d’un populisme de contre-valeur car s’opposant à une dynamique égalitaire qui reconnait chaque humain comme égal en droit, notamment droit à une vie digne. On voit mal en quoi ce peuple réactionnaire s’oppose à l’hyperplasie mondiale (et sa déclinaison nationale) qui s’accommode et même encourage toujours des divisions au sein du peuple-classe multicolore. L’oligarchie mondiale qui diffuse le capitalisme de consommation standardisé se moque du sexisme et du racisme. Ce n’est pas son critère. Le racisme et le sexisme lui sont même très utiles. Ce qui ne l’empêche pas, pour raison de simple profitabilité, de vendre du voile islamique s’il le faut, tout comme des avions aux pays musulmans les plus sexistes de la planète.
- Le « peuple classe » s’oppose à la destruction des protections sociales. Ce populisme-là, tel qu’il le définit subjectivement, sans précision sociologique de type « peuple d’en-bas », serait un « peuple de gauche » qui se mobiliserait positivement contre la destruction des bases économico-sociales des classes populaires dominées ou comme on dit désormais du « peuple des 99% » de chaque « pays » . C’est à priori positif.
- Le « peuple nation » s’oppose lui à l’immigration de masse. Le peuple-nation peut vouloir comme le peuple-classe défendre les services publics et la laïcité . S’oppose-t-il aussi à « l’immigration de masse » ? La réponse n’est pas simple. Il est vrai qu’une fraction du peuple s’appui sur la nation entendu diversement d’ailleurs pour rejeter « l’immigration de masse » Si on pose des questions, s’agit-il de tout migrant ? Faut-il ne pas respecter le droit international concernant les réfugiés ? J’entends parfois une réponse de type « oui et non » qui est problématique. Oui un peu, pas trop soit une idée de quota prise en vertu d’une idée - fausse - que nous recevons beaucoup trop de réfugiés. Il y a aussi le oui pour les bons réfugiés qui respectent des valeurs partagées, mais pas les autres. Je vois mal comment on pourrait faire un tri à priori. Je fais aussi observer qu’il existe un fort « tri » des résidents au moment d’acquérir la nationalité car les tests « d’intégration » sont sévères. Bien des français "de sang » (par rapport à droit du sol soit les français de longue résidence sur le territoire national) ne seraient pas reçus !
- Le « peuple souverain » s’oppose dit-il « à l’accaparement des décisions par les organisations internationales et les multinationales ». Est-ce vraiment le peuple souverain qui s’oppose ainsi aux FMN (ou aux STN) ou le peuple-classe ? Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’y réussit pas comme « peuple souverain » car non seulement le capitalisme des transnationales est toujours là mais il s’est renforcé sous l’effet de la financiarisation. Il s’agit peut-être de dire que le peuple souverain voudrait réduire ce capitalisme au profit d’une sorte de capitalisme national de PME à l’ancienne (nostalgie du XIX ème siècle mais en oubliant la colonisation) mais qu’il n’y réussit pas. Retour ligne automatique
Ce peuple souverain sous emprise de la « classe patronale » ne réussit même pas à réduire la logique de profit pour maintenir un « Etat social » fort de ses services publics, des services publics et une sécurité sociale en capacité de limiter cette emprise de la logique de profit par le maintien conséquent d’une logique de satisfaction des besoins sociaux. Même les sociétés coopératives n’arrivent guère à se faire de la place tant l’emprise de la logique capitaliste déborde son propre champs de production-distribution pour recouvrir un large espace. Pas tout l’espace certes.
Retour en arrière
En 2008, j’avais déjà remarqué » son usage du peuple-classe via Margaret Canovan. Il y eu un débat avec Thierry BRUGVIN sur le sens de ce terme chez elle .
Il écrit : "Citée dans la revue « Krisis » de février 2008, la politologue britannique Margaret Canovan distingue plusieurs formes d’expression du peuple à travers le populisme : united people (« le peuple souverain »), common people (« le peuple classe »), ordinary people (« le peuple de base »), ethnic people (« le peuple nation »). Chacune de ces expressions du populisme peut trouver les moyens de se renforcer à travers la crise.
- L’ordinary people, « le peuple de base », a toutes les raisons d’accroître sa défiance vis-à-vis des élites politiques, médiatiques et financières : élites qui n’ont pas vu venir la crise et qui la gèrent dans l’agitation et l’affolement.
- Le common people, « le peuple classe », a, lui, des raisons de se révolter contre l’hyperclasse mondiale dont il découvre la malfaisance et les fantastiques avantages auto-octroyés.
- L’united people, « le peuple souverain », n’a, lui, pas de raison d’accepter que les Etats-Unis d’Amérique, à l’origine de la crise, continuent de dicter leur loi au reste du monde et il peut légitimement réclamer un retour à un protectionnisme raisonnable.
— L’ethnic people, « le peuple nation », peut trouver dans la crise économique un argument supplémentaire – et décisif – contre une immigration qui peut se révéler nuisible en termes d’équilibre des comptes sociaux comme d’emplois."
Le populisme de JYLG fait un usage cumulatif des principaux sens du mot peuple ce qui est difficile car ces sens entrent en contradiction. Pour JYLG le peuple ethnique vient formater le peuple souverain et le peuple-classe qui sont l’un et l’autre réduit à un rôle d’anti-impérialisme anti-USA. Ce peuple-classe français reste chez JYLG silencieux contre sa propre classe dominante ou son oligarchie nationale ou son élite communautaire. La pensée de JY LG est fondamentalement identitaire.
D’ailleurs, en 2008 JYLG défendait les cinq « I » sous un angle franco-identitaire très net avec d’une part - moins d’Immigration - moins d’Islamisation - moins d’Impôts, et d’autre part - plus d’Identité, - plus d’Indépendance. Cet identitarisme national est sans contenu social car interclassIste : il ne distingue pas la classe dominante nationale du reste du peuple national dominé . C’est un communautarisme national qui cache sa hiérarchie interne. Car les élites dominantes existent aussi en France évidemment et elles imposent aussi une puissance d’agir sous forme de « casse sociale » (privatisation, de marchandisation, de financiarisation, de libéralisation) contre le reste du peuple national, c’est à dire au peuple-classe dont il dit pourtant lui même qu’il veut la protection sociale et - ajout personnel - les services publics avec péréquation tarifaire.
Cet identitarisme national est de type autoritaire tant en interne (moins d’impôt pour l’Etat social et les services publics avec exception pour la police et pour l’Etat policier qui réprime de peuple-classe) qu’ en externe (contre l’immigration : le drame des migrants noyés en mer méditerranée ne provoque aucun aménagement à son anti-immigrationnisme : ce sont des sous-humains qui peuvent périr ). Contre l’islamisation quelle est sa définition, son analyse et ses propositions ? Islamisation = emprise territoriale et culturelle par hidjabisation plus mosquées ? Si hidjabisation il y a - très relativement - la construction de mosquées est encore minime.
Par ailleurs, sa pensée est faite d’amalgame puisqu’il écrit : Retour ligne automatique
« Et lorsque les peuples ont été consultés par référendum, ils ont souvent désavoué les élites politiques, médiatiques, économiques et syndicales :
- les Suisses et les Norvégiens ont refusé d’intégrer l’Union européenne ; Retour ligne manuel
- les Suédois et les Danois ont refusé d’entrer dans l’euro ; Retour ligne manuel
- les Irlandais ont obtenu des dérogations aux traités auxquels ils ont fini par adhérer ; Retour ligne manuel
- les Français et les Hollandais ont rejeté le traité constitutionnel européen ; Retour ligne manuel
- les Irlandais se sont prononcés contre la ratification du Traité de Lisbonne."
Qui sont les élites syndicales ? Le MEDEF, le syndicalisme du travail salarié est divisé et le syndicalisme paysan aussi. On ne peut parler d’élite syndical qu’en restant superficiel.
Polémia - Europe : le temps joue pour le populismeRetour ligne automatique
http://archives.polemia.com/article.php?id=1803
Christian DELARUE
« Lèpre populiste » : la révolte des peuples contre les oligarques - Jean-Yves LE GALLOU sur PolémiaRetour ligne automatique
https://www.polemia.com/lepre-populiste-la-revolte-des-peuples-contre-les-oligarques/

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